La Vieille Église

A partir de l'époque carolingienne (vers 800) on assiste à une renaissance de l'architecture qui se poursuit par l'art roman jusqu'au XIIème siècle puis l'art gothique jusqu'au XVIème siècle. L’art roman se caractérise par une architecture simple avec peu d'ouvertures et des voûtes plein-cintre.

A cette époque, Saint-Jean-De-Muzols comptait deux chapelles : Sainte-Estève, située sur les bords du Rhône (ancien monastère bénédictin) et la vieille église, construite par les moines de Cluny en l'an 1000.

Cette vieille église fût d’abord possédée par un chanoine de Saint-Maurice de Vienne, puis par un chanoine de la cathédrale de Valence. En 1312, elle a été annexée par l’archevêque de Vienne à la manse du prieuré de Saint-Georges de Crussol, dépendance de l’abbaye de Cluny, puis à la cure de Tournon.

C’est un bâtiment rectangulaire terminé par une abside semi-circulaire, voutée en cul-de-four, décoré d’une série de petites arcades.

Le chœur de l'église regarde le soleil levant, pour indiquer aux croisés la direction de la Terre Sainte.

Initialement, l'église s'ouvrait par un portail roman sur la façade méridionale. Aujourd'hui muré et partiellement enterré du fait de l’exhaussement du sol. La voûte s'appuie sur 2 piédroits, l’alternance de claveaux de calcaire blanc et de briques placées de chant suivant les rayons de l’arc évoque un mode de construction gallo-romaine.

Côté Nord, se présentent deux ouvertures romanes avec un bel arc plein-cintre. Sur la façade ouest, une fenêtre à double arcature trilobée, retombant sur une colonnette avec chapiteau cubique décoré de feuilles d'acanthe, à encore belle allure.

Cet édifice a été classé Monument Historique le 03 Septembre 1952.

La stèle d'Hadrien

Sur le parvis de l’Eglise romane, au bord de la R.D.86, vous découvrirez le passé romain de la commune.

Au 3ème siècle avant J.C, le peuple gaulois (les Allobroges), occupait la commune de Saint-Jean-De-Muzols (Muzoleum). Leur territoire s'étendait du Lac Léman jusqu'à notre commune en traversant les départements de la Haute-Savoie, de l'Isère, du Nord de la Drôme et d’une partie du Nord de l'Ardèche, pour devenir une importante agglomération gallo-romaine favorisant le développement du commerce.   

Vers l'an 120 l'empire atteindra son apogée sous le règne de l'empereur Hadrien qui, lors d'un déplacement dans la vallée du Rhône fera une halte à Saint-Jean-De-Muzols.

A cette occasion, les « Nautes » (mariniers commerçants) érigeront une stèle à sa gloire.

Cette stèle, posée sur un sarcophage probablement du haut Moyen-Age, date du début du IIème siècle et porte une dédicace des «Nautes» du Rhône à l’empereur Hadrien.

Cette dédicace peut se traduire ainsi : « A l’empereur César, fils du divin Trajan le Parthique, petit-fils du divin Nerva, Trajan Hadrien Auguste, grand pontife, revêtu de la puissance tribunicienne pour la troisième fois, consul pour la troisième fois, les nautes du Rhône à leur très bienveillant prince ».

Connue depuis 1533, classée Monument Historique le 17 Septembre 1943, cette stèle a été extraite vers 1860 d’un mur de l’abside de la Chapelle Sainte-Estève, elle était le piédestal d’une statue élevée à Hadrien.

(A proximité de cette stèle, un QR Code permet d’entendre une capsule-audio avec un téléphone. Cette capsule a été réalisée par les élèves de CM2, année scolaire 2021/2022, de l’école Louise-Michel, en collaboration avec Arche AGGLO dans le cadre du projet « Education aux médias et à la communication » et avec l’aide de Déclic Radio.)

Le Grand Pont (Pont de Douce Plage)

En 1252, une crue a emporté le « Pont de César ». Difficile d’imaginer ce petit cours d’eau devenir incontrôlable, et pourtant ! On raconte que son nom « Doux » lui a été donné pour contrebalancer son caractère impétueux.
En 1351, le roi Jean le Bon autorise les Tournonais à collecter un péage afin de financer la construction d’un nouveau pont. Durand de Solier, receveur des droits du barrage et administrateur de l’œuvre du pont fit construire un bâtiment à 2 tours rondes, appelé le Castelet, il en fît sa maison d’habitation et le lieu où se payaient les droits de barrage. Afin que ce pont soit plus solide et plus facile à garder, il fût construit 3 kilomètres en remontant la rivière au pied de la montagne dans un emplacement sauvage, abrupte où 2 culées de roche vive permettaient d’asseoir les fondations sur des bases inébranlables.
En 1371, de nouveaux travaux commencent !
En 1382, une inondation du Doux emporte la structure en bois permettant le développement de la construction et a rompu les cintres, tout ce qui constituait l’arceau a été perdu. En 1470, les travaux redémarrent.
En 1583, le pont est achevé, formé par une seule arche de 25 toises et 4 pieds (soit 50m), à cette époque c’est la plus grande arche d’une hauteur de 17.73m.

Au XVIIIème et XIXème siècle de belles restaurations permettent de le garder en fonction.

Il a été classé Monument Historique le 3 octobre 1954. Ce pont routier entre Saint-Jean-de-Muzols et Tournon croise l’itinéraire du célèbre Mastrou.

La Fontaine

Cette magnifique œuvre d’art datant de 1882 a la particularité de représenter différents symboles héraldiques (armoiries), agricoles et artisanaux du village. On peut y apercevoir un mûrier et son ver à soie, rappelant que la magnanerie était une activité importante au XIXème siècle et au cours de la moitié du XXème siècle. On y trouve un cep de vigne, emblème de la viticulture, un chêne représentant la majesté, la puissance et la longévité, les trois tours argentées sur fond azur, et le blason de Saint-Jean-De-Muzols. Ces symboles font l’histoire et illustrent la vie locale.

Trois étoiles apparaissent au centre de ces symboles, elles sont probablement signe de titre honorifique.

Cette fontaine alimentait encore en eau potable les habitants du village jusqu’à la fin des années soixante. 

La Table du Roy

Ce récif circulaire, au pied de la colline de Pierre-Aiguille et émergeant au milieu du Rhône, était autrefois relié à la rive gauche par une épine granitique.

L’histoire retient qu’en 1248, Louis IX (Saint Louis) descendit le Rhône en bateau pour rejoindre Aigues-Mortes et entreprendre la 7ème croisade qui devait libérer la Terre Sainte du Sultan d’Egypte.

Louis IX, prenant faim, commanda une halte sur un éperon rocheux plat comme une table située au pied des coteaux de l’Hermitage. Il ordonna qu’on lui apporte les mets et les vins du pays et festoya sur ce rocher. Dès lors, tout naturellement, en souvenir de ce repas royal, ce récif fut appelé la Table du Roy.

Quatre siècles plus tard, en 1642, Louis XIII, emprunta la route royale et goûta du vin sur cet éperon rocheux.

Lors de l’élargissement définitif de la route et aussi pour faciliter la navigation sur le Rhône les rochers furent dynamités et en partie détruits, seule est restée « la Table du Roy », témoin de l’avancée extrême des rochers dans le Rhône.

(Un autre QR Code au bord du Rhône qui vous permettra d’entendre une capsule-audio avec votre téléphone).